C’est bien connu, c’est quand on vous prive de quelque chose, ou qu’on risque d’en être privée, qu’on se rend compte à quel point ce quelque chose a pris une place importante dans notre vie et à quel point on y tient.
Ce fut le cas pour mon allaitement, et je ne m’y attendais pas.
Dimanche 8 février, 5h , je me réveille. D’abord persuadé que c’est Choupette qui s’était réveillé, je me rend vite compte que j’ai mal. J’ai mal à l’estomac. Une douleur horrible que je n’ai jamais connue. Je me lève difficilement, je décide d’appeler le 15. Cette douleur…. ce n’est pas normal.
Le médecin conseil pense que je dois faire de l’aérophagie, me dit de prendre du spasfon, du smecta, du doliprane et d’essayer de dormir sur le ventre. Je raccroche….. et je cours vomir. J’appelle Zhom à l’aide. Il rappelle le 15. Le médecin conseil insiste sur son diagnostic. Je prend les médicaments, j’essaie de dormir… impossible, encore plus sur le ventre. A 6h45, j’allaite difficilement Choupette. Elle se rendort. Je rappelle le 15. Je souhaite voir un médecin car je peux difficilement aller aux urgences sans déplacer toute ma petite famille. On me dit de rappeler à 8h quand les médecins de garde seront joignables. Je rappelle à l’heure convenue. Un médecin passera chez moi à 9h.
Le médecin arrive et me dit rapidement d’aller aux urgences. Elle fait un courrier pour les urgentistes, je l’ai lu. Elle soupçonne 3 diagnostics dont une pancréatite.
Nous partons direction l’hôpital tous les 4. Chouchou est une pile électrique, Choupette a mangé et ne réclamera qu’à 11h30/12h. Sur la route la douleur s’estompe. J’hésite. Est-ce que ça vaut vraiment le coup d’aller aux urgences? J’embarque quand même ma fille de 6 semaines et mon fils de 4 ans et demi. Et puis Zhom me dit » on est parti, on y va! »
On arrive, je donne mon courrier, on me fait rentré rapidement dans la zone des urgences. Je suis seule. Je doute de plus en plus. On me fait une prise de sang, j’attend, j’attend (oui parce qu’aux urgences on attend c’est bien connu). Assez rapidement finalement, le médecin revient et me dit tout aussi rapidement , et assez brutalement au final car je ne m’y attendais pas: « on va vous garder Mme Imparfaite, votre prise de sang est mauvaise. Vous faites une pancréatite aigu. On va vous opéré de la vésicule biliaire. On vous fait une échographie de la vésicule d’abord et on avisera ensuite ». Et il repart.
Là mon monde s’écroule et je suis toujours seule. Je pleure, le choc psychologique a été trop fort.
Là tout se bouscule dans ma tête: ma fille, elle a besoin de moi pour la nourrir, elle n’a que 6 semaines, et puis je prend un congé parental pour l’allaiter tranquillement, profiter de mon fils, et puis pourquoi on me retire la vésicule, à quoi ça sert, on peut vivre sans? Vais-je avoir un traitement à vie? Est-ce que l’opération est obligatoire? Et mon homme, il faut que je le prévienne. J’ai peur, je pleure, je ne veux plus être seule dans cette salle d’examen. Je veux mon homme, je veux mes enfants.
Une aide soignante me voit pleurer et vient discuter avec moi. Je lui explique mes doutes, ma solitude. Elle comprend. Elle m’explique que la zone d’examen est trop dangereuse pour mes enfants à cause de l’épidémie de grippe et autres virus, mais qu’elle va essayé de me trouver une solution pour que je puisse nourrir ma fille et que je ne sois pas seule.
On m’installe dans le bureau des médecins cadre pour allaiter ma choupette tranquillement. Mon fils s’inquiétait, il est heureux de me retrouver. Zhom et moi étions en contact par sms mais c’est fou comme cela fait du bien qu’il soit là, mon homme, ma moitié.
On m’amène ensuite à l’échographie. L’échographiste répond un peu à mes interrogations, sans se mouiller car elle n’a pas la décision finale. Elle me montre les calculs dans ma vésicule. Pas de doute.
En attendant que mon échographie soit interprétée par les médecins, l’aide soignante s’est arrangé pour que je sois installée dans le salon des cadres, extérieur à la zone d’examen mais juste à coté , permettant donc que mon compagnon et mes enfants soient avec moi.
On me confirme ensuite que je vais resté à l’hôpital. L’aide soignante s’est renseigné, à fait venir un tire-lait pour que je puisse recueillir mon lait pour ma fille pour le matin. On appelle la famille pour prévenir. Mes parents nous retrouveront dans ma chambre pour venir chercher Chouchou. Le service de Chirurgie digestive se met en relation avec les puéricultrices spécialisées en allaitement de la néonat pour se renseigner de la compatibilité des médicaments que je dois prendre et pour faire venir une puéricultrice qui m’aidera à conserver mon allaitement par ses conseils et ses encouragements précieux. Je tire mon lait pour la 1ere fois de ma vie. La récolte est maigre, 35ml.. C’est déjà cela. Les puéricultrices nous donne des biberons de lait artificiel pour palier à mon manque de lait récolté. Le lendemain matin, zhom donnera son 1er biberon à Choupette. Par chance nous avions reçu en cadeau par la pharmacie un biberon Avent en cadeau de naissance. Il a transvasé mon lait dedans, puis une fois fini, le lait artificiel, pour ne pas perturbé un peu plus notre Choupette avec un biberon qu’elle ne connaissait pas et un changement de tétine.
S’en est suivi une journée entière d’observation à rester dans ma chambre d’hôpital. Je suis à jeun, je suis sous perfusion depuis la veille. Zhom arrive pour la 2ème tétée de la journée. J’allaiterai Choupette toute la journée et je tirerai mon lait juste après. Je sens que ma lactation n’est pas suffisante et que mon lait change mais j’arrive cependant à tirer suffisamment pour palier aux tétées qui je ne peux pas assuré le matin. Choupette s’énerve sur mon sein, semble souffrir de plus en plus de coliques.
Le mardi matin, je passe un scanner. Les puéricultrices m’assurent que je peux continuer à allaiter malgré le produit injecté. Elles ont vérifié sur LeCrat. Arrivée au scanner, l’opératrice m’affirme sèchement qu’il faut stopper l’allaitement 48h, qu’on m’injecte un produit toxique donc non, je ne peux pas continuer. Là je suis perdue. On venait juste de me dire que je pouvais continuer. Je passe mon scanner très perturbée par ce qu’on vient de me dire. Non je ne suis pas prête à laisser tomber mon allaitement. Mon lait est ce qu’il y a de mieux pour ma fille. Elle a un traitement pour des reflux et des coliques. Changer son lait si brutalement… quelle seraient les répercutions pour ma Choupette? En rentrant dans ma chambre je fais rappeler les puéricultrices, je veux être sûre!
La puéricultrice vient elle-même me voir dans ma chambre pour m’assurer que je peux continuer. Le problème est que par principe de précautions les opérateurs d’imagerie médicales ont un discours qui ne correspond plus à la réalité. Je peux donc continuer. Je suis soulagée.
Le scanner indique que ma pancréatite n’est pas grave et qu’elle permet donc une opération rapide sans risque majeur. Si elle avait été inflammée, j’aurais été obligé de rentrer chez moi, de prendre des anti-inflammatoires pour repousser l’opération avec le risque de refaire une crise beaucoup plus grave entre temps.
Il n’y a pas de plages horaires disponibles pour m’opérer le mardi après-midi. On m’autorise enfin à boire et à prendre un repas ultra light. Boire est super important pour l’allaitement, je bois donc beaucoup et je suis également autorisée à boire mes tisanes d’allaitement. J’en bois donc 4 dans mon après-midi. Je n’ai qu’une chose en tête, augmenter ma lactation pour Choupette.
Le lendemain, grosse montée de lait (merci mes tisanes et l’eau à volonté jusqu’à minuit). Je tire 220ml de lait. Pas peu fière. Zhom n’arrive pas avant qu’on m’emmène au bloc, je n’ai donc pas pu faire la 2ème tétée. Les aides soignantes ne savaient pas si je pouvais tirer mon lait après ma douche vu que j’allais au bloc. L’anesthésiste apprend que je n’ai pas tiré mon lait et fait reculer l’heure de l’opération pour que je puisse le faire et que je ne me retrouve pas avec une poitrine douloureuse au réveil. 70ml de plus. Il me dit que théoriquement je peux allaiter directement après l’opération car il adapte l’anesthésie mais que par principe de précaution, il préfère que je tire une fois mon lait et que je le jette.
On m’opère. Réveil en douceur mais très douloureux. On me donne de la morphine. Comme je jette mon 1er tirage pas de soucis (selon le Crat, en cas de morphine il ne faut pas allaiter durant les 4 heures qui suivent la prise). En fin de journée, une puéricultrice vient m’aider pour tirer mon lait et le jeter. J’avais tiré suffisamment la veille et le matin pour pallier à cette journée spéciale. Le soir , zhom me propose de donner le biberon de mon lait à Choupette, je suis trop fatiguée pour allaiter, mais je refuse. Je souhaite que ma fille garde en tête que Môman c’est le sein, Pôpa le biberon. Et puis , je ne suis pas prête. J’ai eu du mal à la voir boire au bib.
Le lendemain, 1er bib avec papa, le moment tant attendu pour moi de la 2eme tétée arrive. Je retrouve ma fille, je lui donne à manger. Elle est un peu perturbée. Mon lait a changé surement dû à tout ce qui s’est passé et au fait que je n’ai pas manger normalement pendant plusieurs jours.
J’ai été opéré par cœlioscopie , j’adapte donc ma façon d’allaiter pour ne pas avoir mal, mais au final, cela se passe bien. La position en ballon de rugby est mon amie!
Je repars chez moi le midi. Les puéricultrices passent nous voir, me félicitent pour ma détermination, pour avoir réussi à sauver mon allaitement. Je n’aurai pas réussi sans elles. Un grand merci aux personnels du CHD de la Roche Sur Yon. Nous sommes tombée sur les bonnes personnes.
Avec le recul, je pense que j’ai focalisé mon attention sur mon allaitement pour occulter l’opération qui me faisait peur. Et puis je suis une maman avant tout et j’ai absolument voulu garder le meilleur pour ma fille.
J’écris cet article 2 semaines après mon opération. Je ne saurais que conseiller les mamans à qui cela arrivent de montrer leurs bébés à un ostéopathe. J’ai découvert hier que malgré la compatibilité des médicaments avec l’allaitement, le foie de ma fille était congestionné. Le foie, ce nettoyeur des substances toxiques, avait quand même beaucoup de boulot avec le peu de médicament qui était passé dans mon lait. Pas de soucis, cela se traite grâce à l’ostéopathie. Il est difficile de voir son enfant pleuré mais au final, c’est pour son bien et ma Choupette n’en sera que mieux.