Toi ce frère que je n’ai jamais connue….

Quand j’étais petite, quand on me demandait si j’avais des frères ou des sœurs, je répondais:
« j’ai un grand frère mais je devrais en avoir 2. Mon autre frère est mort à 8 mois, avant même que je sois née. »

 Je n’ai jamais connu ce frère puisqu’il est décédé de la mort subite du nourrisson avant même ma conception, mais pourtant il a toujours été omniprésent dans ma vie et mon cœur.

Je ne connais pas grand chose de lui. Ma mère ne s’est jamais remise de sa mort et n’en parle pas. Il faut lui arracher les informations qu’elle donne au compte goutte. Je n’ose imaginer le déchirement intérieur, la peine et la douleur qui vous prennent aux tripes.

J’ai découvert l’existence de ce frère quand j’étais petite en farfouillant dans les albums de famille. Ma maman nous a créé un album chacun depuis notre naissance et je suis tombé sur ce 3ème album avec les photos de ce bébé étrangement familier, mon frère.
Pendant mon enfance, j’ai eu cette sensation d’être l’enfant pansement qui par sa joie de vivre soulageait la peine de ses parents. Cela m’a mit une pression sur mes épaules. Cette pression de l’excellence que me mettait inconsciemment mes parents ou que je me mettais moi-même. Cette pression source de conflit perpétuel avec mes parents lors de mon adolescence. L’impression de devoir rentrer dans un moule qui n’était pas le mien.

Je me suis souvent demandé ce qu’aurait été ma vie avec mes 2 grands frères. Mais au fond, ils ont toujours été là tous les 2, l’un physiquement tous les jours que j’aime plus que tout, et l’autre en moi dans ma tête et mon cœur.

Alors quand le temps est arrivé pour moi d’être maman, j’ai été naturellement sensibilisé sur la mort subite du nourrisson. On ne sait pas ce qui est a l’origine du décès de mon frère, mais comme dans certains cas, cela peut être héréditaire, j’ai eu cette peur de perdre Chouchou jusqu’à ses 8 mois.
Je posais ma main sur son ventre le soir pour vérifier qu’il respirait, pas de montagne de doudou dans son lit, un plan incliné pour dormir la tête légèrement surélevée, pas de couverture, juste une gigoteuse et mon Chouchou sur le dos.
Si un jour BB2 il y a, je sais que je referais pareil, je serais tout autant vigilante.

Il aurait 34 ans…

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11 Comments

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  1. 1
    Piou

    Ton article est très poignant….d'autant plus que moi aussi j'aurais dû avoir un grand frère/grande sœur….
    Il n'y a pourtant pas eu d'antécédent dans ma famille, mais j'ai moi aussi angoissé jusqu'au 9 mois de Prem's! Deuze, un peu moins. Pas que je m'en fichais, mais avec l'expérience, tu angoisses un peu moins quand même.
    En tout cas, c'est un très bel hommage.

  2. 5
    Maman Mammouth

    Tellement compliqué la MSN… et tellement d'idées reçues aussi la concernant…
    Mais c'est un tel drame, inexplicable souvent, car malgré le fait qu'on met tout en oeuvre pour l'éviter, cela peut quand même arriver…
    Je n'imagine même pas la douleur d'une maman qui perd ainsi son enfant…
    Bel homage 🙂

  3. 7
    virdes54

    J'ai eu cette hantise jusqu'au 9 mois de ma Loulou et je la vis régulièrement en tant que Nounou.C'est un truc horrible que je redoute plus que les chutes,les bobos qui arrivent pourtant quasi systématiquement alors que la MSN est heureusement beaucoup plus rare mais tellement réelle ! Elle peut survenir la journée comme la nuit et là tu flippes!
    Tout ça pour te dire que je comprends ta peine et te félicite d'avoir de si beaux sentiments envers ton (tes) frères.

  4. 9
    Marion Maman Prout

    Un magnifique article qui me touche particulièrement: moi aussi je fais de la prévention contre cette terrible tragédie. Je comprends ta maman qui s'enferme dans un mutisme. Et la pression que l'on a dû inconsciemment te mettre, toi l'enfant d'après-drame. J'espère que tu as réussi petit à petit à trouver ton équilibre.
    Pleins de bisous 🙂

  5. 11
    Anonyme

    j'ai la chance de n'avoir jamais vécue cette épreuve en tant que maman ou sœur mais je l'ai malheureusement vécu en tant que petite nièce 2 fois dont un cousin avec qui je jouais et qui est parti d'une leucémie à 7ans (je me souviens de son dernier anniversaire en famille ou tout le monde savait que c'était le dernier sauf nous les enfants) j'avais 5 ans et on jouait au docteur, j'étais la malade et lui me sauvait de la maladie. Je suis actuellement certaine que lui savait que c'était la fin donc je peux te dire que j'ai surveillé mes enfants aussi pour voir si ils respiraient en dormant, d'autant plus que lorsque j'étais enceinte de la première, le frère de mon cousin dis paru de la leucémie a lui même perdu son propre fils à l'age de 3 jours…..Et lorsque ma meilleure amie a perdue sa fille d'un deuil prénatal, je ne savais comment lui annoncé que j'étais enfin enceinte de mon troisième ….. je te jure que toute cette histoire est vraie et je pense d'ailleurs en faire un sujet d'un des billets des 53 billets en 2015 pour mai

    véro

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